Et non, je ne le vois pas comme une pathologie mais comme un trait de caractère. Cette étiquette, je vais l’emprunter pour m’expliquer pas mal de choses, etarrêter de m’excuser.
Je vais arrêter de m’excuser d’être « trop » ceci ou cela. Trop émotive, trop sensible, trop emphatique. Trop trop trop.
M’autoriser à employer ce mot « hypersensible », c’est commencer à comprendre que j’ai toujours ménagé les émotions des autres avant les miennes. Je me suis toujours censurée, j’ai toujours mesuré mes propos par peur de blesser les autres, par peur de leur en dire trop. Résultats : j’ai enfoui pas mal d’émotions que je ne me suis pas autorisée à ressentir.
Et il y a des moments, la machine de censure ne marche plus, ça coule, ça crie, ça ne respire plus.
Ça suffit de dire pardon. Dire pardon de ressentir c’est me nier moi-même. C’est faire passer la sensibilité de l’autre avant la mienne, alors qu’elle est ultra développée.
Je voudrais qu’on arrête de me dire d’être forte. Je sais que je le suis. Et laisser exprimer mes sentiments et mes émotions en est une preuve.
Je voudrais qu’on arrête de me donner des leçons de vie alors que quelque chose m’atteint de plein fouet. « Dédramatise », « Prend du recul » « Relativise », « Faut que tu t’en foutes ». C’est juste blessant.
Les gens hypersensibles ne sont pas capables de faire ça à l’instant T. On ressent tout et TOUT nous traverse. On ressent les autres, on s’approprie les émotions des autres, c’est bouleversant.
Et ce n’est surtout pas une question de volonté. Encore moins une marque de faiblesse.
Il est préférable de demander ce dont la personne a besoin plutôt que de réagir sans interpréter.
Pendant longtemps, je ne m’expliquais pas ma façon d’aimer plus que de « raison ». Surtout dans les amitiés. J’étais submergée par ces attachements, et j’avais du mal à comprendre pourquoi on ne me retournait pas la même dose de sentiments. J’avais l’impression qu’on ne m’aimait pas « assez » en retour. Cela a joué sur ma confiance en moi, sur ma suceptibilité.
En fait cela n’avait rien à voir. Je prends conscience que je ressens juste « plus » qu’une partie des gens. Que mon « plus », cela peut tout à fait être l’équivalent d’un ressenti pour une personne « moins » sensible.
Ménager le sentiment des autres, ça m’a aussi donné une impression d’illégitimité. Le « trop » de sentiment, m’a parfois apporté beaucoup de regret. Je me suis censurée d'écrire des adieux bouleversants à des membres de ma famille par exemple, notamment à mon grand-père. Et maintenant il est trop tard.
Alors petit à petit, je me reconstruis ce droit de tout dire - avec bien sûr respect, diplomatie et pédagogie lorsque cela est nécessaire- . A une personne qui m’a aidé à un moment difficile, àune autre pour qui j’ai beaucoup d’affection, à une autre qui m'a blessée. Au final cela a apporté beaucoup de bonheur à ceux qui ont reçu ces mots et le sentiment d'être juste. Car au fond,de mon côté il vaut mieux en dire trop que pas assez. Il vaut mieux vivre trop que pas assez. C’est ce que je choisis.
Tout compte fait peut-être que l’hypersensibilité est une sorte de super pouvoir. Si je m’ouvre ainsi c’est aussi pour montrer qu’il n’y a pas de peur à exprimer ses émotions. Nous sommes fait ainsi. Les émotions sont des guides, alors laissons-les nous guider.
Sans doute beaucoup d’entre vous ne seront pas surpris en lisant ces lignes, ne soyez plus surpris en me voyant laisser libre cours à ce qui me traverse, et continuez, s’il vous plaît, à m’écouter.